Paphos et ses environs
Paphos est le nom donné à la double agglomération de Ktima
et Nea-Paphos (Nouvelle Paphos), située à 153 km de Nicosie et 136 km de Lamaka, sur la
cote sud-ouest de Chypre. C'est ici que le climat de l'île est le plus doux.
La ville et sa région sont du point de vue touristique, en
pleine évolution, conséquence logique de la proximité des stations balnéaires
et des sites archéologiques. En outre, le séjour à Paphos permet d'explorer à
loisir la partie occidentale, si riche, de Chypre. Depuis 1983, la ville est
desservie par un aéroport.
La région a commencé à s'industrialiser à partir de 1974; à
la me époque, les réfugiés chypriotes grecs du nord se substituaient aux
Chypriotes turcs (113 de la population).
Ktima
Le quartier de Ktima est le siège de l'administration
régionale et de l'évêché de Paphos. Ktima, à 3 km de Néa-Paphos, est
elle-même située à l'intérieur des terres, sur un plateau rocheux, à 45 mètres d'altitude.
Ktima vit de l'agriculture et grâce au produit de ses grandes plantations de
bananiers et d'amandiers - les plus vastes de l'Île - le niveau de vie de ses
habitants est très confortable.
Des traces d'occupation humaine au néolithique et à l’époque
mycénienne ont été relevées à Ktima. C'est là en outre que se réfugièrent les
habitants de NéaPaphos après les incursions arabes du VII. En 1540, l'agglomération
comptait 2 000 âmes. Mais ce qui, aujourd'hui, fait le charme et la fierté de
la petite ville - notamment ses nombreuses maisons néoclassiques - date de
l'époque coloniale anglaise. Ce n'est qu'à partir du XIXe siècle que Ktima
s'est développée pour devenir une capitale régionale consciente de son rang.
Les édifices dont les façades méritent le détour datent du
XIXe siècle. Ce sont celles notamment des trois lycées, de la mairie,
et de la mosquée Kebir.
Les trois musées de la ville sont intéressants.
Le musée archéologique abrite dans trois salles des
trouvailles couvrant l'entre-deux du néolithique au Moyen Age. On peut y voir
notamment une pièce unique au monde: un système de bouillotte anthropomorphe
datant de l'époque romaine.
Le musée d'art byzantin présente de nombreuses et belles
icônes de l'époque post-byzantine (XVe-XIXe s.), ainsi que des objets et vêtements
liturgiques.
Le musée d'art populaire créé, par le professeur
Eliades, est une collection privée qui offre un panorama de la civilisation
agraire chypriote à toutes les époques.
Néa-Paphos
La section de l'agglomération désignée par le nom de Néa-Paphos,
ou quelquefois de Kato-Paphos (Sous-Paphos), s'étend au-dessous Ktima, sur le
littoral.
Cette charmante cité-jardin est un semis de vestiges architectoniques,
au point que l'on ne peut un pas sans heurter une pierre n'ait son passé, riche
de légende Celles-ci remontent ici à l'époque mycénienne (1400 avant J.-C.).
Mais il semblerait qu'à l'origine Néa-Paphos n'ait été que
le port où débarquaient les pèlerins qui se rendaient au sanctuaire d'Aphrodite
de l'antique Paphos, situé à 12
km à l'est. Sur le chemin du port au sanctuaire, ils
formaient une procession, marchant au son d'instruments de musique, le front
ceint de couronnes de fleurs.
L'histoire de Néa-Paphos s'accélère et devient plus
mouvementée à partir de la fin du IVe siècle avant J-C., au début de la
domination égyptienne des Ptolémées. Celle-ci fit de Néa-Paphos au Ile siècle
avant J. -C., la première base militaire et navale de l'île. Cette autonomie
favorisa le développement culturel et économique de la cité.
En 58 avant J-C., l'île fut conquise par les Romains dont la
domination correspond à l'âge d'or de Néa-Paphos qui fut dès lors la nouvelle
capitale de l'île. Cicéron - l'un de ses premiers gouverneurs - l'administra en
51-50 avant J.-C. ; il confia le sort de la cité qui lui était chère à un
successeur qu'il chargea de recommandations multiples. Néa-Paphos devint en
conséquence une métropole élégante au rayonnement de métropole, et ce à tel
point, qu'un considérable tremblement de terre sous le règne d'Auguste ne
parvint nullement à diminuer ou ternir sa gloire.
L'effort de reconstruction appuyé du soutien le plus élevé
de l'empire fut si prodigieux, que Strabon (63 avant J.-C. - 20 après J.-C.)
put évoquer une « ville florissante entourée de fortifications puissantes, aux
temples et édifices publics somptueux ».
Le succès de l'évangélisation à Néa-Paphos valut à cette
dernière l'édification de 365 églises chrétiennes; chaque jour de l'année, la
messe pouvait ainsi être célébrée dans une autre maison de Dieu. La chute de
Néa-Paphos fut amorcée par une série de tremblements de terre au IVe siècle
après J.-C. ; d'importantes sections de la ville furent anéanties. Aux séismes
succéda au Vile siècle la première incursion arabe qui amena les Byzantins à
ériger une puissante fortification à proximité du port. Cette première
expédition arabe fut suivie de 24 raids et razzias, visant essentiellement les
trésors d'art liturgique abrités dans les églises. Après les siècles de déclin
la ville connut, sous les Lusignan, un regain d'activité, modeste en regard de
ce qu'il avait été à l'époque romaine. Mais après que les Francs eussent paré
la ville d'une cathédrale franque et de thermes aujourd'hui en ruines, un
nouveau tremblement de terre survint en l'an 1222 qui anéantit défmitivement la
ville. Une grande partie de la population alla s'établir dans l'actuelle ville
de Ktima ; les survivants de Néa-Paphos se regroupèrent en une communauté
villageoise. Ce sont ses descendants que l'on rencontre, aujourd'hui, au détour
des venelles de la vieille ville.
Sites
Les tombeaux des rois datent du m. siècle avant J-C.
Ces simulacres d'habitations, d'un nombre supérieur à 100, étaient destinés aux
défunts des familles de notables; elles se composent d'un portique ouvert, le
plus souvent élégant, d'une cour centrale entourée de colonnes doriques et de
chambres funéraires creusées dans le rocher.
Ces tombeaux s'inspirent à l'évidence du tombeau
d'Alexandre. Ce sont, à Chypre, les seuls monuments d'époque hellénistique.
Les catacombes de Sainte-Solo-moni se composent de plusieurs
chambres souterraines qui ne furent, probablement, jamais des spultures. A
l'époque paléo-chrée, elles servaient selon toute vraisemblance de refuge. A
l'époque tine, l'une de ces chambres fut transformée en chapelle; au XIIe
siècle, elle était décorée de fresques.
Celles-ci sont hélas en mauvais état de conservation. Pour
les voir de façon satisfaisante il convient d'éclairer (le commutateur est
situé immédiatement après les premières marches, sur la droite). La tradition
veut que sainte Solomoni, mère des septs Macchabées, ait été suppliciée avec
ses sept enfants en l'an 168 avant J-C. (Si Solomoni est décrite comme une
sainte alors qu'elle vécut avant la naissance du Christ, c'est que dans
l'église chrétienne d'Orient il n'existe pas de canonisation institutionnalisée
par une instance supérieure, mais qu'en revanche l'épithète de «saint» ou «
sainte» peut être tout bonnement ancré dans la tradition locale.) Les pièces
d'étoffe accrochées aux branches du pistachier qui ombrage l'accès du lieu,
indiquent que l'on rend, aujourd'hui encore, hommage à la sain te.
La cathédrale des Latins : de la cathédrale de style
gothique construite pour l'évêché au XIVe siècle ne subsiste que l'angle
sud-ouest, en forme de tour, qui domine le paysage.
Acropole, odéon (théâtre romain), agora et asclépéion : aux
pieds du phare moderne élevé sur le rocher de l'antique acropole de NéaPaphos
se trouve l'odeon romain.
Partiellement restauré, le théâtre se composait jadis d'un
hémicycle de douze rangées, d'un auditorium creusé dans le roc, d'un orchestre
circulaire et d'une scène. L'odéon, construit au Ile siècle avant J. -C., était
intégré à un vaste complexe architectonique; il jouxtait l'agora à l'est (place
du marché et lieu de réunion) et l'Asclepeion (sanctuaire d'Asclépios, père et
dieu de la médecine, et simultanément centre de soins) au sud.
La maison de Dionysos : cette villa romaine,
autrefois constituée de 22 pièces, est pour chaque touriste la raison majeure
d'une visite à saphos. Dans 14 pièces, ordonnées autour d'un atrium, ont été
décourertes en 1962, de façon fortuite, les mosaïques aux couleurs extraordinairement
fraîches, riches d'expression, dans un état de conservation remarquable. Elles
datent approximativement de la seconde moitié du IIIe siècle de notre ère.
Les thèmes représentés sont tous empruntés à la mythologie
grecque;
placées sous le signe de Dionysos, ces mosaïques représentent
Narcisse, Pyrame et Thisbé, Icarios, sa fille Erigone en compagnie d'un
Dionysos, très beau et très jeune;
Poséidon et Amymoné (l'une des cinquante DanaÏdes), Apollon
et Daphné, Hippolyte et Phèdre, Ganymède et l'aigle. On peut voir, plus loin,
les Quatre Saisons, des scènes de vendanges et d~ chasse, des décorations
géométriques et des représentations d'animaux (dont des mouflons). Pour une
bonne compréhension des sujets représentés, se procurer à l'entrée du site la
version anglaise du petit guide de G.S. Eliades.
La maison de Thésée est située à quelques pas de
la précédente, en direction du sud-ouest; les fouilles de la mission
archéologique polonaise y sont en cours. Depuis 1966, les vestiges d'une
résidence supposée avoir appartenu au gouverneur romain de Chypre sont
progressivement mis au jour. Des sols de mosaïques du IVe siècle remarquablement
conservés y ont déjà été dégagés. C'est à la mosaïque représentant « Thésée
terrassant le Minotaure»» que le site doit son nom actuel. Une mosaïque
représentant Achille qui vient de naitre (IV siècle) est particulièrement
intéressante, car le mode de représentation du premier bain du jeune héros a,
semble-t-il, influencé les représentations ultérieures du premier bain de
l'Enfant Jésus dans l'art chypriote, tant dans les icônes que dans les fresques
murales.
La maison d' Aion , située sur le chemin qui conduit
de la maison de Thésée à la maison de Dionysos, contient d'autres mosaïques
découvertes en 1983. Les thèmes mythologiques représentés sont: Dionysos enfant
confié au silène Trophéus, Léda et le cygne, le silène Marsyas défie de sa
flûte Apollon et sa lyre, Cassiopée très fière de sa beauté rivalise avec les
Néréides, une procession triomphante de Dionysos enfant. Certaines parties de
ces mosaïques sont très endommagées.
Le chateau Guarante Colonnes Saranda Kolones :
les vestiges mis au jour et restaurés de la fortification ainsi nommée
constituent un bon exemple de l'architecture militaire à l'époque des premières
Croisades. Sa destruction date du XIe siècle.
Le fortin : le petit port de Paphos, rayonnant de
lumière, avec ses petits restaurants méditerranéens caractéristiques, est
dominé par le fortin (château franc). Construit en 1391, sous les Lusignan, il
fut consolidé par les Turcs en 1592 et sa physionomie imposante date de cette
époque. Sous la domination britannique, il servit de grenier à et protégé des
touristes qui résistent sel. On a, du haut des remparts très belle vue de
Paphos.
La
Panayia Limeniotissa « NotreDame-du-Port» est l'une
des basiliques paléochrétiennes de la ville. La construction de l'édifice à
trois nefs, d'une longueur de 52
mètres et d'une largeur de 19 mètres, remonte au Ve
siècle.
Le centre Ayia Kyriaki Khryssopolitissa, la colonne de Saint
Paul, l'église gothique, la basilique paleochretienne. Au centre de NéaPaphos,
vaste chantier de fouilles, l'église byzantine d' Ayia Kyriaki permet au
visiteur de s'orienter. A vingt mètres à l'ouest s'élève la colonne de
Saint-Paul. Le monument (historique, peut-être) de l'aube de la Chrétienté mériterait
d'être éloigné de son lieu d'origine, et protégé des touristes qui résistent
difficilement à la tentation d'emporter avec eux un fragment de la relique.
C'est à cette colonne que l'apôtre Paul, en 45 après J.-C., fut flagellé par
les citoyens paÏens de la cité; ceux-ci lui auraient administré «quarante coups
de fouet moins un.. Malgré quoi l'apôtre réussit ultérieurement à convertir au
christianisme le gouverneur romain de l'île, aussi Chypre fut-elle, de façon
éphémère il est vrai, le premier pays de l'histoire gouverné par un chrétien.
Entre la colonne de l'apôtre Paul et l'église Ayia Kyriaki
sont dispersés les vestiges d'une immense catedrale gothique à trois nefs,
érigée en 1300.
Dans sa proximité immédiate, et partiellement sous l'Ayia
Kyriaki, sont dispersés les décombres d'une basilique paléochrétienne (IVe
siècle, dont la superficie fut réduite au VIe siècle). Sa longueur de 53 mètres et sa largeur
de 38 mètres
en firent probablement l'une des plus grandes de Chypre. Les quatre colonnes de
granit rouge qui s'élèvent au sud de l'Ayia Kyriaki portaient la charpente du
toit au-dessus de la façade orientale de la basilique.
Des fragments de la mosaïque qui décorait autrefois le sol
sont encore visibles.
Yeroskipos (3 km) 1 750 hab.
A l'est de Paphos se situe Hieroskipos, devenu par la suite
Yeroskipos, littéralement « jardin sacré» d'Aphrodite. Ici s'élève l'une des
deux églises byzantines chypriotes à cinq coupoles qui ont surmonté l'épreuve
du temps. Son homologue se trouve à Péristérona.
Les loukoums sont des confiseries à base de miel et de
beurre; on peut s'en procurer partout dans l'Île, mais ceux de Yeroskipos sont
les meilleurs de Chypre.
L'église d'Ayia Paraskevi s'élève au centre de Yeroskipos
(lorsque l'on vient de Paphos, tourner à droite). L'intérieur de l'édifice,
érigé au XIe siècle, est décoré de fresques des Xe-XIXe siècles. Si l'église
est fermée, vous trouverez la clé chez le cordonnier Georgyos Achilleos, dans
la petite rue qui longe la face sud de l'église. Mr Achilleos se fera une joie
de vous montrer les beautés de son église, ainsi qu'une icône de procession,
peinte des deux côtés, datant du XVe siècle.
A proximité, une maison du XVIIIe siècle située dans une
ruelle du village, abrite un remarquable musée d'art populaire.
Palêa-Paphos (l'Ancienne Paphos)/Kouklia, 12 km
A l'est de Néa-Paphos, sous le village de Kouklia, sont
partiellement enfouis les vestiges de Paléa Paphos, l'antique sanctuaire
d'Aphrodite. Des pans de murs, des plaques recouvertes de mousse, des fragments
de mosaiques romaines, des marches isolées, des socles de colonnes: c'est là
tout ce qui reste - ou presque - de l'un des hauts lieux de l'Antiquité.
Cependant, la déesse de l'amour n'a jamais été oubliée au
lieu-même où elle fit jadis son apparition. Au siècle dernier, les habitants de
la région rendaient encore hommage à Marie, Mère de Dieu, sous le nom de
Panayia Aphroditissa !
Autrefois régnaient ici les Kinyrades, descendants et
disciples du légendaire Kinyras, grand-prêtre et roi de la cité-royaume, qui,
au XIIe siècle avant J. -C., introduisit le culte d'Aphrodite. C'est ici
qu'aboutissait le pèlerinage de 12
km qui conduisait du port au sanctuaire. Des milliers de
pèlerins faisaient tous les ans le voyage. Ils venaient participer aux célèbres
Aphrodisies, qui duraient quatre jours et comportaient des compétitions (sportives,
musicales, poétiques), un bain rituel, l'offrande de sacrifices, ainsi qu'une
fête « initiatique », ultime et grandiose.
Paléa-Paphos, qui comptait jadis près de 20 000 habitants,
était le centre religieux de l'île.
Au IVe siècle, des tremblements de terre qui détruisent le
sanctuaire de Cypris-Aphrodite, précipitent brusquement l'anéantissement de la
ville. Ces destructions sismiques sont suivies des décrets de l'empereur
Théodose (379-395), qui ordonne la fermeture de tous les temples paiens. Au XIIIe
siècle, les Lusignan redonnent pour quelque temps un certain lustre à la
région, notamment par les plantations de canne à sucre.
A voir
Le manoir de la Covocle (château franc) date de l'époque des
Lusignan, mais il n'en reste presque aucun vestige. Certaines de ses salles
construites à l'époque turque abritent un musée épigraphique et archéologique
étonnamment riche.
C'est là en effet qu'ont abouti la plupart des trouvailles
des sites fouillés dans la région. Il s'agit essentiellement d'outils et parures
féminines du chalcolithique, de Céramiques couvrant les siècles qui Séparent le
bronze tardif des époques hellénistiques et romaines;
des faïences égyptiennes (VIe siècle aVant J.-C.) d'importation;
des objets en fer, ivoire et argent; des sculptures des VI-Ve siècles
avant J.-C.
Le nom de Kouklia est une dérivation moyenâgeuse de Covocle,
qui est le nom de ce manoir d'époque franque. Kouklia n'est plus aujourd'hui
qu'un modeste village de 1 200 habitants.
Le sanctuaire d'Aphrodite. Seuls les vestiges des
ailes sud et nord des édifices qui appartiennent vraisemblablement aux annexes
du temple cité ont été - jusqu'à présent - mis au jour. Le sanctuaire à
proprement parler est très certainement encore enfoui sous le sol.
Dans le complexe de décombres situés au nord du site de
l'ancien temple (autrefois bordé au sud et à l'est de deux longues colonnades),
des fouilles ont permis de dégager, en 1887, une étonnante pierre noire (noir
vert, plus exactement), de forme conique, haute de 1,25 mètre que l'on peut
voir aujourd'hui au manoir de la
Covocle. Sa localisation, au-dessous du niveau des édifices
culturels, permet de supposer que les différentes reconstructions du temple
n'ont en rien modifié sa position première et qu'il s'agit-là, par conséquent,
de l'une des plus anciennes idoles d'Aphrodite ado rées en ce lieu.
Les habitants du village de Kouklia la désignaient du nom
d'Ayia Mawra, la «Sainte Noire ». Cette idole de pierre noire et magique de la Préhistoire incarna
pendant de nombreux siècles les aspects sombres de la déesse de la fécondité,
souveraine du royaume des morts, hérités par Aphrodite de la nuit des temps
avec le culte de la déesse mère, vénérée dans le monde préhistorique et antique
d'Asie Mineure.
Le Saint des Saints du temple était un semblable cône des
temps préhistoriques, mais de couleur blanche. Il a jusqu'à ce jour échappé aux
investigations des archéologues.
Sa représentation sur les monnaies romaines le montre au
centre d'une construction flanquée de colonnes. Des colombes et des étoiles
(symboles d'Astarté, divinité syrienne qui précéda elle aussi Aphrodite à
Chypre) y encadrent la pierre sacrée.
Il faut faire un effort d'imagination considérable pour «
visualiser» l'immensité du sanctuaire que Virgile a décrit comme «Le Temple aux
cent autels », jadis peuplé d'une forêt de statues et qui, au cours du
millénaire de son existence, accumula d'ineffables richesses.
A quelque cent mètres de là, on peut admirer, au lieu même
de son exhumation, une copie de la célèbre mosaique représentant Léda et le
Cygne (II-IIIe siècle) exposée au musée national de Nicosie.
Petra tou Romiou A 5 km à l'est de Paléa-Paphos,
à l'endroit ou la route du littoral est la plus belle et la plus accidentée, se
trouve le lieu légendaire où - selon les vers d'Homère Aphrodite, déesse
grecque de l'amour, de la beauté et du printemps, « naquit de l'écume de mer, à
Paphos ». A Petra tou Romiou, la nature a choisi de commémorer dignement
l'événement de la divine naissance en érigeant un rocher de calcaire blanc au
milieu d'une eau d'un bleu des plus profonds. Celui qu'un bain de jouvence ne
tente nullement, peut aller admirer ce paysage enchanteur depuis la terrasse du
belvédère/restaurant (resthouse ).
Le monastère de Neophytos (9 km)
Le monastère situé au nord de PaPhos est bâti au bord d'un
ravin qui descend jusqu'à la mer. Il porte le nom de son fondateur,
l'anachorète qui, en l'an 1159, s'installa dans une grotte.
Par la suite Néophytos agrandit la grotte, la transforma en
église qu'il dédia à la
Sainte-Croix.
D'autres ermites vinrent se joindre à lui, plusieurs
cellules furent construites. En 1183 Néophytos fit décorer de fresques la
grotte d'origine.
Quelques-unes de ces fresques magnifiques, à fond bleu,
furent retravaillées en 1503, d'autres ont conservé leur forme d'origine. Elles
appartiennent incontestablement aux plus beaux spécimens de cette époque et
évoquent indiscutablement les productions de l'École de Constantinople.
L'église du cloître qui s'est érigée autour de la grotte
d'origine, est un édifice à trois nefs qui date de la fm du XIVe siècle. Les
peintures pariétales qui ornent les nefs latérales datent du XVe siècle; celles
de l'abside datent vraisemblablement du XVIe siècle.
Le littoral entre Paphos et le cap Arnaouti
La côte qui s'étend du nord de Paphos à la presqu'Île
d'Akamas, est jalonnée de plages. L'arrière.
pays de collines, où le vignoble et le verger se confondent,
alternant ici et là avec des plantations de bananiers et des cultures de
primeurs, est ponctué de villages cossus réputés pour leurs vins.
On atteint Maa après avoir traversé Lemba, où en 1981 ont
été mis au jour des tombeaux et des fondations de maisons datant de 3850-2670
avant J.-C. Dans les champs de Maa-PalRokastro, les archéologues ont dégagé une
cité et un palais construits par des immigrants mycéniens au XIIIe siècle avant
J-C. Au-dessous de ce site s'étend la ravissante Coral Bay, qui s'est récemment
métamorphosée en station balnéaire.
La basilique de Peyia. Peyia, localité pittoresque, est
située à 9 km
de Paphos. On prend à Peyia la route d'Ayios Yeoryios, en direction de la mer,
où 7 km
plus loin s'étend le petit village côtier. Si l'on en juge par les ruines de la
basilique de Peyia (VIe siècle) - champs de mosaïques de beaux chapiteaux de
marbre, il exista en ce lieu une ville importante dont on sait qu'elle
s'appelait Drepanum à l'époque romaine.
Plus au nord on traverse un paysage plus désert, encore
inexploré, pour atteindre la baie de Lara. Ici se trouve une réserve de tortues
marines dont l'espèce est menacée d'extinction. Les bébés tortues sont élevés
dans la réserve (vivier, en quelque sorte) et restitués à la liberté lorsqu'ils
ont atteint une taille suffisante pour affronter la mer et ses dangers. En
1983, la réserve comptait 4 605 tortues.
D'ici à Polis, le paysage traversé de Kathikas, Inia, Phasli
et Androuliko, est des plus bucoliques.
La baie de Khrysokhou. Une route large et asphaltée traverse
le vignoble de Stroumbi pour atteindre, à 39 km de Paphos, le village de Polis (1 700
hab.). Centre d'une zone de plantations d'agrumes, Polis est située au bord de
la baie de Khrysokhou encore sauvage. A l'ouest de Polis, dans le village de
pêcheurs de Latsi on pourra déguster des fruits de mer fraÎChement pêchés.
En aoüt, les terres ombragées par les oliviers qui entourent
les Bains d'Aphrodite se transforment en immense terrain de camping et de
caravaning. On se demande si les familles chypriotes qui passent leurs vacances
ici, ne sont pas venues pour prendre un bain de jouvence dans la grotte-conque
alimentée par l'eau limpide d'une petite cascade, là où Aphrodite fut surprise
au bain par Akamas (héros mythologique, fils de Thésée, qui aurait fondé non
loin dans la presqu'Île du même nom, la ville d'Akamantis).
Six kilomètres séparent le belvédère restaurant (rest-
house) de la Fantana
Amorosa (dont l'eau passait pour communiquer, à qui la
buvait, le mal d'amour) ; on longe chemin faisant la baie de Khrysokhou bordée
de terres basses et fertiles et reconquises sur la mer et de landes. Les
paysages sont superbes et les plages aussi jolies que tranquilles. La Fontana Amo\~ est par
elle-même assez décevante puisque aujourd'hui elle \Smet non plus « le mal
amour », mais des troubles d'ordre gastro-intestinal.. .
Si l'on voit, au début du chemin, un drapeau rouge hissé,
c'est que les troupes britanniques sont en exercice sur le territoire qui
s'étend jusqu'au cap Arnaouti. L'accès n'en n'est pas pour autant interdit au
promeneur, mais la marche n'y est pas de tout repos.
Au nord-est de Polis, les plantations d'arbres fruitiers
(agrumes et bananes) encadrent la baie de Khrysokhou. Mais la route s'arrête
net peu après Pomos ; Kokkina est en effet une enclave chypriote turque et la
ligne verte de démarcation commence à quelques mètres de là.
Le monastère de Chrysorroyiatissa («la Vierge au grenadier d'or »)
(39 km)
Ce monastère situé au nordest de Paphos, sur le mont Troodos, fut fondé en 1152
par l'ermite Ignace. Le chemin le plus aisé pour l'atteindre traverse Polemi,
Kannaviou et Pano Panayia, lieu de naissance de l'archevêque Makarios III (dont
la maison natale est aujourd'hui un musée). Selon la légende, Ignace aurait
aperçu un jour une lumière insolite. Il suivit cette lumière et trouva une
icône de la Vierge Marie
qu'il importa avec lui dans sa grotte-ermitage. A quelque temps de là, la Vierge Marie,
représentée sur l'icône, lui suggéra de construire une chapelle, non loin de sa
grotte, sur le versant du mont Royia (littéralement « mont du Grenadier .).
Cette chapelle est à l'origine du monastère. Après une ère
de déclin, le monastère regagna une partie de son prestige d'autrefois. Le
bâtiment actuel, doté d'une terrasse où l'on peut se reposer et jouir de la
vue, date du XVIIIe siècle.
Le monastère produit et vend d'excellents vins secs.
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