Il semblerait que la ville ait été fondée en 1181 avant
J.-C. par Teucer, fils de Télamon roi de l'île grecque de Salamine. Une
situation favorable, un port naturellement bien dessiné, et le commerce actif
du cuivre, du blé, de l'huile et du sel valurent très rapidement à Salamine la
première place parmi les cités-royaumes de Chypre. A l'époque archaïque
(700-475 environ), alors même que l'île était sous domination étrangère, elle
conservait encore une autonomie locale considérable.
Évagoras lui-même, descendant de l'ancienne famille royale
des Teucrides, dont la régence (411-374) coincida avec la domination persane,
résida à Salamine, où après un an de siège, en 379 avant J.-C., il capitula
devant les Perses.
Aux Perses succédèrent Alexandre le Grand, les Ptoléméens
et, enfin les Romains. Paphos devint à l'époque romaine la capitale de l'île;
mais Salamine eut encore longtemps un rayonnement de métropole. Après un
tremblement de terre au IVe siècle après J. -C., Salamine fut reconstruite par
l'empereur Constantin qui lui donna le nom de Constantia. Après les incursions
arabes du VIIe siècle, la partie de la ville qui entoure la basilique de
Saint-Epiphanios de l'empereur Justinien II fut consolidée et rebaptisée Nea
Justinianopolis. Après de nouveaux séismes, les derniers habitants allèrent
s'installer à Famagouste.
La majeure partie de la ville de Salamine qui, à l'époque
romaine, avait une superficie de 5,12 km2 et comptait quelque 200000 habitants,
n'est aujourd'hui que décombres. Les fouilles en cours dégagent la ville
romaine et ses grands aménagements.
Le gymnase.
Ce complexe est d'époque hellénistique; sous
l'empire romain et à l'époque paléochrétienne il fut agrandi et modifié.
Il a servi différents propos et à certain moment intégra
même des thermes qui étaient encore utilisés comme bains publics à l'époque
byzantine. De nouvelles salles avec des vestiges de peintures et de mosaïques
sont encore dégagées par les fouilles.
Le centre du gymnase est la palestre, aujourd'hui encore
très impressionnante car elle est, des quatre côtés, flanquée de quatre
colonnes en marbre de style corinthien. Les bains étaient situés dans les ailes
sud et nord du bâtiment principal et l'on y accède depuis la salle orientale à
colonnes par deux vestibules dotés de bassins octogonaux derrière lesquels
étaient situés les calidariums. Les piscines vides sont entourées de statues.
Le théâtre de Salamine
Construit vers la fin du 1er
siècle avant J. -C., détruit par un tremblement de terre au IVe siècle de notre
ère, fut le plus grand théâtre de l'île. Il pouvait contenir quelque 15000
spectateurs. L'auditorium était constitué de plus de 50 gradins, la scène
mesurait 40 mètres
de large. A l'origine des fouilles il ne subsistait que 8 gradins, le reste a
depuis lors été reconstitué.
Le grand réservoir d'eau.
Il date des premiers temps
de l'empire de Byzance; il était alimenté par de l'eau amenée depuis Kythréa
par des aqueducs. A l'ouest du village voisin d'Ayios Serghios on peut voir
encore deux arches de cet ancien aqueduc.
L'agora
Autour de la gigantesque agora (place du
marché) de 230 mètres
de long et de 55 mètres
de large - l'une des plus grandes du monde de l'Antiquité - des édifices
étalaient le faste de leurs revêtements de marbre. Les vestiges
architectoniques du site datent du règne d'Auguste, qui fit rénover l'agora.
Côté sud, d'importantes fractions de la colonnade (chapiteaux de style
corinthien) qui bordait les deux côtés de l'agora ont survécu. A l'extrémité
méridionale de la place s'élevait le temple de Zeus, dont le soubassement
colossal est encore visible.
La basilique.
Un autre édifice d'une importance
capitale à Salamine est sa basilique du Ve siècle, construite très
vraisemblablement par saint Epiphanios. Mesurant 58 mètres de long et 42 mètres de large, elle
était la plus grande basilique de l'île et l'une des plus grandes de l'époque
paléo-chrétienne dans le monde.
Elle était décorée de riches mosaïques et se composait à
l'origine d'une nef centrale flanquée de part et d'autre de trois nefs
latérales. A l'extrémité orientale des nefs latérales sud se trouve une tombe
revêtue de marbre qui a dû contenir la dépouille de saint Epiphanios. Il
semblerait que la construction qui jouxte cette tombe ait servi d'église après
l'effondrement de la basilique au VIIe siècle; elle fut, au IXe s. recouverte
de coupoles. Cette église remplissait encore sa fonction alors que Salamine
avait depuis longtemps été abandonnée par sa population.
Les tombeaux royaux.
A 1 km à l'ouest de la ville se trouvent les
tombeaux royaux, qui datent de l'âge d'or de Salamine (VIe-VII siècle av. J.
-C.). Les objets de ce site sont visibles au musée de Nicosie. Un petit nombre
d'objets dégagés dans ce champ de fouilles sont présentés dans un petit musée
local.
Le monastère de Saint-Barnabé (Ayios Apostolos Varnavas) est
situé à 3 km
de Salamine. Au lieu même ou le saint patron de l'île fut supplicié, un
monastère lui a été consacré.
L'église byzantine à trois coupoles date du IXe siècle et
fut, jusqu'au XVIe siècle, siège de l'archevêché de Chypre.
A 100 m
du monastère s'élève la chapelle funéraire de l'apôtre, sans ornement, ainsi
que la crypte dans laquelle furent, selon la légende, retrouvés les ossements
du saint.
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