Le mont Troodos
LE mont Troodos est situé au centre de la partie occidentale
de l'île; ses contreforts offrent un heureux mélange d'agriculture et de
forêts. Ici, le blé est encore fauché à la main et la moisson est rentrée sur
des charrettes tirées par des ânes. Plus en altitude, la forêt est disséminée
et les essences de ses arbres conjuguées aux toits plats d'un habitat Isolé
évoquent singulièrement des «bleutées» d'Extrême-Orient.
La montagne offre des paysages variés, ici ravissantes
collines et ravins boisés, là pentes rocheuses et escarpées. Son point
culminant est le mont Olympe (1 952 mètres). Une ceinture, située entre 1 300
et 1 725 mètres,
est jalonnée de stations thermales.
Celles-ci, dénommées Platrès, Troodos, Prodhromos et
Pedhoulas font les délices des Chypriotes mais aussi des visiteurs du monde
arabe qui viennent volontiers y séjourner en été. Les innombrables Sources de
cette partie du Troodos alimentent non seulement l'île en eau minérale
(délicieuse), mais également le continent voisin du Proche-Orient.
Cette forêt domaniale est essentiellement constituée de pins
d'Alep, de sapins, de chênes, de platanes, de cèdres, d'aulnes et d'arbousiers.
Le lièvre et le renard occupent nombreux le sous-bois ou l'on peut, avec un peu
de chance, apercevoir un mouflon.
Les cimes sont le repaire des aigles et des corbeaux.
Quantité d'églises et de monastères nichés dans la montagne
contiennent de belles peintures à fresque, dont certaines ont déjà été
mentionnées à propos d'excursions recommandées au départ de Nicosie, Larnaka ou
Paphos. C'est le cas, notamment, des monastères de Makhéras (page 52),
Stavrovouni (page 59), Chrysorroyiatissa (page 93).
Partant de Nicosie ou de Limassol, deux itinéraires sont
dans les deux cas recommandés pour parvenir au cœur du Troodos. Le plus court chemin
de Nicosie à Troodos (60 km)
passe par Péristérona et Kakopétria ; l'autre (70 km) passe par Pedhoulas.
Depuis Limassol, la route la plus directe pour Platrès (42 km), passe par Trimiklini;
l'autre (55 km)
passe par Kandou et Omodhos.
Platres, située à 68 km au sud ouest de Nicosie et à 42 km au nord ouest de
Limassol, en plein cœur du mont Troodos, est rapidement accessible par de
bonnes routes. Platres est l'une des plus belles stations thermales du Proche Orient
et sa situation centrale dans la montagne en fait un lieu de séjour idéal pour
les randonnées et excursions dans la région. Son climat est des plus agréables:
les journées chaudes et sèches alternent avec des nuits fraîches; l'air purifié
des hauteurs, embaumé des senteurs de la forêt y est des plus tonifiants. Le
calme de la station, éloignée de la civilisation et de son agitation, en font
un séjour infiniment apaisant, voire une expérience de rêve pour celui dont les
nerfs sont épuisés par la vie urbaine. Si l'on est capable de renoncer à la mer
et à l'agitation habituelle des vacances, on se rétablira à Plâtres mieux que
nulle part ailleurs à Chypre. Il convient de préciser que si les hôtels et
pensions de seconde catégorie sont nombreux, il n'y a ici qu'un seul hôtel de
bon confort. Mais ses terrasses ombragées, nombreuses, sa carte de restaurant
riche en spécialités chypriotes, et sa grande piscine enchanteront les plus
délicats. La ville offre par elle-même un curieux mélange de coutumes anglaises
(5 o'clock tea !), grecques villageoises, assorti du cosmopolitisme d'une
station thermale internationale.
Aux mois de juillet/août la station est très animée; elle
est le refuge des familles chypriotes aux nombreux enfants qui fuient la
chaleur estivale. A cette époque de l'année il est plus facile de s'isoler au
bord de la mer où doit rester, quoi qu'il en soit, celui que les promenades à pied ou à cheval, la natation, et lecture laissent insatisfait. Dans le cadre
d'une exposition agricole ont lieu des spectacles de danse et de théâtre, des
courses d'ânes et de chevaux.
L'Olympe (1952
m) - Ce sommet, le plus élevé de l'Île, consacré à Zeus
et Aphrodite dans ; l'Antiquité, est accessible en une demi-heure depuis
Plâtres par une route asphaltée, présentant quelques virages en épingle à cheveux.
L'ascension est particulièrement recommandée au lever et au
coucher du soleil. Le point de vue est unique, malgré les installations de
radar et les antennes de télévision.
Troodos
Troodos, la plus haute agglomération de Chypre, est exposée
telle une terrasse au soleil sur le flanc sud du mont Olympe. En été, la petite
ville est le rendez-vous des campeurs, en hiver celui des skieurs. C'est la
seule station chypriote équipée pour les sports d'hiver (pentes un peu trop
douces et pistes un peu trop courtes, peutêtre).
Juste au-dessous de la petite ville de Troodos, sur la
gauche, se trouve l'entrée de l'ex-chalet du gouverneur britannique à
l'édification duquel Arthur Rimbaud travailla comme maçon en 1880. A l'entrée, une
plaque commémorative rappelle le passage du poète.
Monastère de Trooditissa
Le monastère de Trooditissa (1 555 m) Ce monastère est
situé à quelque 8 km
de Platrès. Son église pittoresque est très intéressante. Elle fut érigée en
1731 sur les vestiges d'une ancienne église du XIIIe siècle. Elle contient de
précieuses icônes du XVIe siècle où l'on décèle l'influence italienne.
La grande icône miraculeuse de la Vierge de Trooditissa,
revêtue d'argent est représentée tous les ans, le jour de Marie (15 août), sur
un échafaudage à l'extérieur de l'église: les fidèles passent au-dessous pour
recevoir ses bienfaits.
Un autre trésor du monastère est la « Sainte Ceinture ». Les
femmes dont le désir d'avoir un enfant n'a pas été exaucé, se font poser la
relique garnie de bronze autour de la taille. Autrefois l'enfant à naître, s'il
était un garçon, était promis au service du monastère.
Le monastère de Kykko (1270 m)
Venant de Platrès, après avoir traversé Trooditissa, puis la
petite ville de Prodhromos, on atteint la localité de Pedhoulas, connue pour
ses cerisiers en fleurs et son marché du dimanche. Ici la large route asphaltée
décrit une courbe et conduit, après bien des virages en épingle à cheveux, à
Kykko (18 km).
Kykko est le monastère le plus riche et le plus célèbre de
Chypre;
il fut fondé par un ascète chypriote, IsaÏe; mais de ses
bâtiments d'origine, construits entre 1080 et 1118, ravagés par trois
incendies, il ne subsiste rien. Une icône de la Vierge Marie, que
saint Luc aurait peinte, a survécu aux catastrophes; elle a le pouvoir, dit-on,
de «faire la pluie ». Le jour de l'Assomption (15 août), mais aussi en fin de
semaine, Kykko devient un but privilégié de promenade et de pèlerinage.
D'innombrables boutiques de souvenirs et stands où l'on peut acheter des
boissons et des confiseries métamorphosent le parvis du monastère en véritable
foire.
Les bâtiments du monastère ont tous été reconstruits aux XIX
et XX Siècles. Les fresques de l'église du monastère et les mosaïques à fond
d'or (d'une exécution fruste) qui ornent les murs des galeries couvertes
bordant les cours intérieures datent des années 1980-85. Sur le plan esthétique
elles n'ont pas une grande valeur mais attestent à l'évidence la paternité
byzantine de l'art sacré chypriote contemporain. Les objets exposés au musée du
monastère, en face de l'église, sont - historiquement - plus significatifs.
Throni tis Panayias (1 318m)
Les hauteurs de Kykko (Throni tis Panayias), situées à 2 km du monastère de Kykko,
sont devenues lieu de pèlerinage national après que Monseigneur Makarios eut
choisi d'en faire sa dernière demeure. Le fondateur de la République avait en
effet fait ses études au «séminaire» du monastère de Kykko. Dans le sarcophage
en marbre noir ou il repose sont gravés des extraits de son discours prononcé
aux Nations Unies, en 1974, année décisive pour le destin de Chypre.
La vallée des Cèdres et Stravros tis Psokas
Qui a le courage de s'enfoncer au-delà de Kykko dans la plus
totale solitude de Troodos, en empruntant de mauvaises pistes, découvrira des
lieux enchanteurs. L'immense vallée des Gedres comptant quelque 30 000
spécimens superbes et protégés est à 16 km à l'ouest de Kykko.
A 27 km
à l'ouest de Kykko (à 18 km
de la vallée des Cèdres, en longeant le versant occidental du mont Tripylos) et
à une heure et demie de voiture par une piste qui traverse la forêt de Paphos,
on parvient à la station forestière de Stravros tis Psokas, endroit d'une
remarquable beauté, célèbre pour sa réserve de mouflons.
Ce mouton de montagne, animal puissant et beau, à la
fourrure brun clair et aux cornes torsadées (chez le mâle) peuplait la région
dans l'Antiquité.
Après qu'on eut évalué à 15 les
survivants de l'espèce, recensée en 1937, une réserve fut créée et le résultat
de cette mesure de protection que l'on dénombre aujourd’hui 400 mouflons sur le
mont dos. Les deux tiers des forêts de sont administrés par la station forestière Stravros tis Psokas.
Panayia tou Arakou, près du village de lagoudhera
A la sortie de Troodos, on longe les mines d'amiante
d'Amiandos en direction de Khandria pour atteindre le village de Lagoudhera 20km).
La route étroite, cahotique, en lacets, permet d'admirer
pleine1ent le paysage d'une réelle splendeur.
L'église de Panayia tou Arakou construite en 1192 abrite des
peintures à fresque parmi les plus anciennes et les mieux conservées le l'Île.
Les représentations du Christ dans la coupole - naissance, baptême,
mise au tombeau et ascension - sont remarquables, comme le ont ailleurs
d'autres illustrations le l'histoire sainte.
C'est dans l'ancien cloître, bâtiment voisin, qu'il faut
demander la clé de l'église.
L'église Stavros tou Ayiasmati près du village de Platanistassa
9 km à
l'est de l'église de Panayia tou Arakou, après avoir traversé le village de
Polystipas réputé pour ses noisettes et ses amandes, puis celui d'Alana où la
rue principale est bordée de pampres de vigne, se trouve Platanistassa, endroit
délicieux. Les habitants du village savent d'emblée que l'hôte de passage est à
la recherche des clés de l'église de Panayia Ayiasmati et le gardien aussitôt
averti est toujours prêt à vous accompagner jusqu'à l'église, située à 5 km de là. De très belles
fresques d'un peintre dénommé Philippe Goul, achevées en 1494, reproduisent des
scènes de la vie du Christ et de la Vierge Marie.
Les saints, grandeur nature, sont d'une facture
particulièrement remarquable.
Depuis Platanistassa on atteint très rapidement Peristerona
(22 km).
Un sentier balisé de points rouges conduit en 2 à 3 heures à
Laghoudéra.
Kakopétria et Galata Ces deux localités sont en passe de
devenir des stations de vacances très animées.
Situées l'une et l'autre sur les bords de la rivière
Karyotis, elles ne sont qu'à 48
km de Nicosie et 12 km de Troodos.
Ruelle a Kakopetria
A 3 km
au sud-ouest de Kakopetria dans une vallée sauvage, romantique à souhait, on
visitera l'église, entièrement peinte d'Ayios Nikolaos tis Swgis. Ses fresques
les plus anciennes - la
Resurrection de Lazare et l'Entree du Christ d Jerusalem -
datent du XIe siècle.
Un toit de bardeaux protège les tuiles de ses coupoles.
Panayia Phorviotissa Asinou A quelque 18 km au nord de Kakopétria,
près de la localité de Kato Koutraphas, on quitte la route nationale qui mène à
Nicosie. A Nikitari, on recherchera le pope, dépositaire de 1" clé de
l'église d'Asinou, la
Panayia Phoruiotissa, perdue au milieu d'une vallée boisée de
5 km du
village.
Le toit défensif surajouté peut surprendre au premier abord,
mais l'intérieur de l'édifice, construit au XIIe siècle, dépasse toutes les
espérances. Les fresques d'Asinou - rebelles à la description - peuvent
légitimement revendiquer le premier rang parmi les fresques byzantines de
Chypre.
L'église est entièrement peinte.
Signalons toutefois, dans ce cycle de fresques, exécuté dans
l'ensemble entre le XIIe et le XIVe siècle, une belle Vierge Marie entourée des
archanges Michel et Gabriel (dans l'abside, derrière l’iconostase), la Cène, la Naissance du Christ, la Résurrection de
Lazare, la Mort
de la Vierge
et le Jugement dernier.
Les autres églises du mont Troodos Au cas ou vous
auriez encore du temps devant vous, vous pourriez en profiter pour voir la Panayia Eleousa de
Galata, le monastère de loannis Lambadistou près de Kalopanayiotis, et la Panayia tou Moutoullas, à
proximité de Moutoullas, connue pour son eau minérale.
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